Chapitre 9

 

Tula ne parlait jamais directement de la garderie, des mois et des mois passés sans Lisbeï. Et elle n’avait rien demandé à Lisbeï après Méralda. Tout commençait, recommençait, avec leurs retrouvailles à l’infirmerie sous le regard médusé d’Antoné. Lisbeï n’avait pas donné ses journaux à Tula : Tula n’en voulait pas, même si rien n’avait été dit. Tout ce que Lisbeï savait et que Tula n’avait pas encore appris, elle avait dû le lui raconter jour après jour comme si elle venait de l’apprendre le jour même. C’était ainsi que le voulait Tula et c’était mieux : Lisbeï aussi préférait oublier cette période, le chagrin du retour de Tula, ce que ce chagrin l’avait poussée à faire. C’était une autre qui s’était jetée sur Méralda ; chaque fois que le souvenir tentait de refaire surface.

Lisbeï l’écartait, horrifiée. Tout cela était du passé… n’avait jamais eu lieu ! Tula n’avait jamais été cette étrangère inaccessible et cruelle derrière sa barrière-miroir. C’était arrivé dans un rêve, un mauvais rêve, mais maintenant, d’un commun accord, elles étaient réveillées et elles n’en parleraient pas.

Il y avait bien d’autres choses à partager. La Tour, les Tours, les jardins et les vergers, les courses sur le chemin de l’Esplanade à travers les pâturages qui recouvraient les anciennes fortifications ; les baignades l’été dans la Douve, en amont des entrepôts, après avoir regardé charger ou décharger l’un des bateaux plats qui descendaient vers Cartano ou remontaient vers Collodi halés par les buffales aux cornes émoussées ; on revenait en courant sur le chemin blanc, nue, mouillée mais bientôt sèche, en faisant claquer sa tunique au vent comme un drapeau. IL y avait les écheveaux de laine et leurs hiéroglyphes multicolores tendus entre les piquets près de la teinturerie ; les cueillettes, à l’automne, les confitures et les conserves, les fruits et les légumes alignés pour sécher au soleil sous les cadres tendus de gaze et bourdonnant d’abeilles frustrées, les belles rangées de bocaux luisants dans les réserves. Quand elles seraient plus grandes, il y aurait la tonte des oveines, les moissons à la Ferme de l’Aigueli, au sud entre la Douve et le Bois-Franc, ou celle du Plateau, au pied des collines au nord-ouest, au creux de la grande boucle que faisait la rivière avant de revenir vers Béthély. Et pendant les hivernes de plus en plus fraîches, quelquefois il y aurait la neige fugitive, et les glissades.

IL y avait aussi le Livre de Béthély, qui fascinait Tula comme il avait fasciné Lisbeï, mais pour l’espace qu’il ouvrait, plus que pour le temps. Tula rêvait sur les cartes : c’était tout cela, Béthély, tellement plus que trois Tours ! Une Capterie qui avait été une Royauté au temps des Harems comme au temps des Ruches, englobant Collodi et Cartano et s’étendant jusqu’à Névénici, au bord de la mer Tiranée au sud-est. La mer, rêvait Hila. Un jour, elles descendraient la Douve jusqu’à la mer. Un jour, elles partiraient toutes les deux et elles iraient voir ce qu’il y avait de l’autre côté de la mer.

Mais elles seraient des Rouges, remarqua Lisbeï au début et les Rouges ne voyageaient pas, du moins pas celles de Béthély. Et puis, Lisbeï serait la Mère de Béthély. La Mère pouvait voyager mais seulement pour se rendre aux Assemblées provinciales ou à la grande Assemblée des Mères, et…

« On ne sera pas des Rouges tout le temps, l’interrompit Tula en riant. Et tu ne seras pas toujours la Mère. Quand ta première-vivante sera en âge de te remplacer, tu pourras t’en aller, c’est dans la Charte du Pays des Mères. Et à ce moment-là, ou pas très longtemps après, je devrais devenir une Bleue et je pourrai m’en aller aussi. On sera libres. »

« Libre »… l’idée avait semblé un peu étrange à Lisbeï. Comment pouvait-on être « libre » du destin pour lequel on avait été créée ? Être la Mère n’était pas une telle contrainte. Et puis, s’en aller… Ce n’était pas l’avenir de ses rêveries à elle ; ce qu’elle avait imaginé, elle, c’était Béthély avec Tula. Tula s’imaginait… n’importe où avec Lisbeï. Mais Lisbeï finit par se dire que ce n’était pas si différent. Un jour, Mooreï lui avait montré une figure noire et blanche, un cube en perspective. « Est-il creux ou plein ? » Plein, bien sûr, puisque le dessin en perspective servait à créer cette illusion. « Regarde bien. » Elle avait contemplé la gravure, perplexe. Plein, le cube ? Creux ? Et soudain, dans une translation invisible mais instantanée, les surfaces noires et les surfaces blanches avaient échangé leur place et Lisbeï avait vu le cube en creux. Après plusieurs essais, elle avait compris : c’était une sorte de torsion mentale délibérée qui permettait de voir tantôt le creux, tantôt le plein. Elle s’était mise à rire, ravie : c’était un peu comme la rondelle de verre, sphère et tranche en même temps, ou Garde morte et vivante, humaine et Fille d’Elli. « Certaines choisissent de regarder l’intérieur des choses, d’autres l’extérieur. C’est une question de point de vue. Mais toutes voient un cube, n’est-ce pas ? Nous regardons toutes le monde d’Elli et nous en voyons chacune notre côté. Mais il faut essayer aussi de voir tous les autres côtés en même temps, trouver un point de vue d’où on peut rassembler tous les autres. »

C’était une autre discussion-dispute de Mooreï avec Antoné qui avait déclenché cette leçon, Lisbeï ne se rappelle plus à propos de quoi. Mais elle n’avait jamais oublié le cube. Elle l’évoquait intérieurement chaque fois que Tula l’étonnait – et Tula l’étonnait souvent, bien plus souvent qu’à la garderie, maintenant. Tula s’imaginait n’importe où avec elle, elle avait imaginé Béthély avec Tula… Eh bien, de toute façon, elles seraient ensemble, n’est-ce pas ? N’importe où avec Tula, ce serait encore avec Tula.

Mais c’était Tula, maintenant, qui imaginait les « autres côtés » de l’espace et Lisbeï qui l’écoutait en silence. Elle sentait qu’il valait mieux se taire, parce qu’alors un autre côté du temps se serait peut-être glissé entre elles : les deux années qui ne devaient pas exister, les deux années que Tula avait passées sans Lisbeï et Lisbeï sans Tula.

 

* * *

 

(Antoné/Lettre)

 

Béthély, 19 de junie 486 A.G.

 

Chère Kélys,

Oui, nous avons bien reçu (de justesse, ce matin) ta lettre et le cadeau pour Lisbeï, qui en a été ravie. Selva n’a pas fait de commentaires mais j’ai l’impression qu’elle n’est pas encore prête à acclimater à Béthély la coutume brétanye de faire des cadeaux à celle dont c’est l’anniversaire. Tula a offert à Lisbeï une grosse montre en argent de Liborne, obtenue en secret par mes soins à la Foire de la dernière Assemblée, et elle lui a aussi fabriqué une petite bibliothèque à portes pyrogravées ; les étagères en seront vite remplies : nous avons encore eu la même idée, toi et moi, lui offrir des livres – un luxe extravagant pour des gens de Litale ! Les miens sont assez éducatifs pour que Selva n’ait point trop sourcillé (les plantes et les insectes « correctes » de Litale, avec dix très belles planches en couleur), mais je dois t’avouer que tes Œuvres complètes de Ludivine de Kergoët n’auraient sans doute pas suscité autant d’indulgence si elles n’étaient venues de toi… Posséder personnellement des livres, passe encore, mais des romans ! Des romans d’aventures !

La petite cérémonie matinale a eu lieu sans fanfare et Lisbeï a remis à Selva le cadeau requis par la tradition de Litale. (J’en vois bien la légitimité : on remercie sa « génitrice ». Mais…) Elle s’était donné beaucoup de mal pour tisser cette écharpe, elle qui déteste les travaux manuels, et Selva lui a fait la grâce d’apprécier le cadeau, sans débordements excessifs bien entendu. Je ne sais si Lisbeï attendait davantage ; elle n’a pas semblé déçue, mais elle se contrôle si bien maintenant de toute façon que j’aurais eu du mal à le savoir sans la toucher. Le reste de la journée s’est passé comme d’habitude, leçons, Bibliothèque. Tout de même, cette après-midi, au plus fort de la chaleur, Lisbeï a pu aller à la Douve avec les autres et retrouver Tula.

Et moi je pensais à nos anniversaires à Maroilles, ma mère, mes sœurs et moi : les surprises, les rires, le partage, la tendresse… J’ai beau comprendre pourquoi Béthély et la plupart des Familles d’ici se comportent ainsi, elles ne savent pas ce qu’elles perdent et de quoi elles privent leurs enfantes.

Mais qu’est-ce que j’y ai gagné, moi, en fin de compte ? Partir a seulement été bien plus dur…

Pardonne-moi, je crois que ce sera une lettre de jérémiades. Je ne sais pourquoi, mais j’ai passé toute cette journée anniversaire de Lisbeï dans une sorte d’angoisse diffuse. Ou plutôt, je sais pourquoi, bien sûr, et toi aussi. Toujours rien. Elle entre dans sa treizième année et elle n’a toujours pas eu son premier sang. Elle n’en parle pas – personne n’en parle tellement. Si par extraordinaire quelqu’une évoque le problème à Béthély (en tout cas pas en présence de Lisbeï, ni de Selva !), il y a dix voix pour lui rappeler que certaines sont menstruées très tard et que ce n’est pas pour rien qu’on a fixé à seize années l’âge légal pour… Et là les voix se taisent et on essaie de passer à autre chose. C’était tout ce que je pouvais lui répondre aussi, ou bien lui décrire toutes les différentes raisons pour lesquelles une Verte, parfois, ne devient pas une Rouge – elle doit les connaître par cœur, maintenant.

Sauf une. Sauf une, Kélys, et je ne sais toujours pas si je devrais lui en parler ou non. Leur en parler, à Selva et Mooreï, car enfin, près de la moitié des mosta ont la Maladie ici et il en survit assez pour que le problème risque de se poser encore. Je ne suis toujours pas convaincue par ton argumentation. Je sais ce que tu vas dire : moi qui brandis toujours des chiffres, en voilà que je n’arrive pas à croire, c’est plutôt comique, n’est-ce pas ? Et je me retrouve sans autre argument que « l’intuition », celui que j’ai l’habitude de ridiculiser. Le pourcentage de stérilité a beau n’être pas beaucoup plus élevé ces trente dernières années parmi celles qui ont eu la Maladie très tard et y ont survécu, il l’est quand même un peu. Juste assez, juste trop à mon goût. Je sais, je fais partie de ces cas rares et ne suis pas spécialement objective sur le sujet, c’est ce que Linta me répète tout le temps. Mais ni elle ni toi n’avez vu l’expression de Lisbeï, l’autre jour, quand Méralda a reçu son collier de Rouge. (Encore ces traditions de Litale ! Au moins, chez nous, on n’a pas à subir une cérémonie publique quand on change de statut ! Bon, d’accord, nous faisons une cérémonie privée de la perforation de l’hymen et ici c’est une routine. Mais tout de même…)

Et Lisbeï a été désignée future Mère de Béthély dès sa sortie de la garderie, Kélys ! Si pour moi, une dotta ordinaire, ne pas devenir une Rouge a eu un effet traumatisant, peux-tu imaginer ce que ça lui ferait ? Sûrement, tu l’imagines !

Et à Selva. Et à Tula. Tu n’as pas vu Tula regarder Lisbeï, le jour où Méralda a reçu le collier.

Plus le temps passe, plus je pense que j’ai eu tort de croire tes chiffres, de ne pas suivre mon intuition et de ne pas leur en parler il y a trois années pour leur donner davantage le temps de s’y préparer, au moins ! Si j’avais eu le temps de me préparer, moi… Et je sais, il ne faut pas essayer de revivre sa vie dans celle d’autrui et « toute l’expérience des unes n’a jamais vraiment servi aux autres », et tout ce que tu m’as dit, que Linta m’a dit, que je me dis moi-même… Si tu étais là, ce serait plus facile d’y croire, je suppose. Tu me manques. Ta force, et ta lumière, me manquent.

(J’écris et je ne peux pas continuer. C’est comme si mon esprit se butait à un mur. Ou à ma gorge soudain serrée ? Encore pas l’habitude, après tout ce temps. J’étais si férocement autonome avant de te rencontrer, n’est-ce pas ? La voyageuse qui s’enfonce dans le désert en pensant qu’elle n’aurait jamais soif ou qu’elle pourrait éternellement se recycler elle-même.)

Mais non, je ne veux pas penser à toi seulement pour ne pas penser à ce que je pourrais dire à Selva, à Lisbeï. Je ne sais toujours pas si je leur parlerai de la possibilité que ce soit « l’effet pervers d’une mutation plutôt bénéfique ». Je ne suis pas certaine que ça les aiderait beaucoup au point où elles en sont, que ça ne ferait pas plus de mal que de bien. Non seulement serait-elle stérile, la Mère désignée de Béthély, mais peut-être une mutante ! Selva ne s’en remettrait pas, la pauvre. Les Cartano mourraient de plaisir.

Mais c’est encore l’hypothèse la plus vraisemblable, n’est-ce pas ? D’une façon ou d’une autre, le mécanisme qui dans d’autres cas accélère la guérison interprète les modifications de la puberté comme une maladie et les « guérit » chaque fois (ou une fois pour toutes, qui sait ?). Qu’il ne le fasse pas systématiquement va dans le sens de ma théorie : une mutation secondaire. Oh, ce que je donnerais pour avoir le genre d’outils décrits dans l’article de Sénéca de Llétréwyn. Tu as dû le lire, dans l’avant-dernier numéro du Bulletin des Exploratrices, celui où elle essayait de reconstituer le genre d’appareils utilisés par les biologistes qui ont écrit les Fragments du Sanctuaire. Pouvoir une fois pour toutes prouver (ou infirmer aussi bien !) ces maudites théories que je traîne, que nous traînons depuis des années ! Je me demande si Balte de Gualtière n’avait pas raison, somme toute, et s’il n’aurait pas mieux valu être reparties à zéro, n’avoir jamais rien retrouvé du Déclin, et surtout pas le Sanctuaire. Échafauder ou connaître des théories sans jamais pouvoir passer à la pratique, savoir que des moyens techniques existeraient si nous pouvions reconstituer l’infrastructure industrielle nécessaire à leur production, mais que nous ne le pouvons pas faute d’énergie et de matières premières suffisantes, c’est trop frustrant : c’est usant pour l’esprit, à la longue.

Chroniques du Pays des Mères
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